jeudi, septembre 15, 2005

L'égo de Boisclair... pour les nuls !

Un très gros merci à Vigile.net. Quelqu'un y a mis le lien de ce blogue et les statistiques s'emballent...

Et le lien est accompagné d'un texte hautement intéressant...

La vraie valeur d'un homme se détermine d'abord en examinant dans quelle mesure et dans quel sens il est parvenu à se libérer du Moi. (Albert Einstein)

Le « JE » exécrable du candidat péquiste André Boisclair

Le moi est haïssable, selon le philosophe et mathématicien Blaise Pascal. Que le moi soit haïssable, cela ne signifie pas, pour le penseur du XVII siècle, qu'il ne faille pas s'aimer soi-même. Le moi, pour lui, ce n'est pas l'individu que chacun est; c'est celui que chacun croit qu'il est, égocentrique, narcissique et parfois tyrannique. C'est ce que Pascal, tout comme La Rochefoucauld, appelle l'amour-propre. Il ne faut pas, cependant, confondre le moi haïssable avec l'amour de soi.

L'amour-propre est le fait de n'aimer que soi et de ne parler que de soi. De ne penser qu'en fonction de soi. L'utilisation abusive du pronom « je » sert souvent à manifester cette forme d'amour particulier. Certains textes sont truffés du petit mot « je ». Certaines entrevues télévisées multiplient les interventions à la première personne du singulier. Il n'est pas agréable d' entendre quelqu'un qui ne parle que de lui-même, soit pour vanter ses bons coups, soit pour excuser ses maladresses antérieures.

La présente course à la chefferie du PQ nous fournit un bel exemple en la personne du candidat André Boiclair. En annonçant sa candidature au poste de chef du Parti québécois, le jeune candidat n'a parlé que de lui-même, de ses prouesses anciennes et de celles qu'il se voit déjà en train de réaliser. Incapable de sortir de son aura personnelle, il a utilisé moult fois le pronom «je », touchant très peu les enjeux liés à la fonction convoitée. Au terme de sa conférence de presse, l'exaspération débordait chez ceux qui écoutaient avec moi l'ancien ministre de l'environnement.

Invité à l'émission Matin Express, le 4 août au matin, sur le réseau de Radio-Canada, il a repris substantiellement le même canevas. Les « je suis le meilleur candidat en lice », les « je suis le meilleur pour faire le pont intergénérationnel », les « je pense être celui qui ralliera les jeunes », les « je pense que les gens me connaissent », etc. n'ont pas manqué d' alimenter la verve du jeune candidat que les sondages favorisent momentanément
.

Le « je » est exécrable, monsieur Boiclair. Blaise Pascal vous conseille de vous en départir. Il exaspère les auditeurs, les font pitonner sur le clavier de leur télécommande. Si vous pensez que vous êtes « le meilleur » parmi les onze candidats en lice qui pensent aussi qu'ils le sont tout autant que vous, laissez le peuple décider par lui-même. Le peuple n'aime jamais se voir dicter ses chefs par ceux-là mêmes qui aspirent à les diriger. Il faut les laisser exercer leur jugement en toute quiétude, quitte à commenter leur geste, le scrutin terminé.

Et si jamais Bernard Landry entrait dans la course, pensant qu'il est le meilleur pour se succéder, vous devrez forcément changer de formule et pratiquer, ce que nous, les anciens, appelions la belle vertu d'humilité que vous ne semblez ne pas avoir, en cette ronde préliminaire. Votre style fringuant, quelque peu hâtif et impatient, peut, à la longue vous jouer de vilains tours. Rien n'est plus dangereux, dans une course aussi longue, de penser, en partant, que la victoire est déjà acquise, piaffant d'impatience de porter la couronne de l'élu.

Certains candidats qui arpentent présentement le Québec n'ont pas votre jeunesse, votre fougue, votre gaieté facile. Ils sont plus âgés, ont couché avec les contre-coups de la vie, marchent à pas de tortue, mais présentent et présenteront des projets longuement mûris par le dur labeur, les années de travail. Ils ont oeuvré dans le silence, inconnus et parfois oubliés du grand public. Ils ont préparé, dans l'anonymat et la patience bien exercée, un travail bien articulé, le plan détaillé du pays qu'ils voudraient voir naître. L'expérience les accompagne modestement. Et pour le projet d' indépendance, il en faudra beaucoup plus que moins, cher Monsieur, si jamais les Québécois optent pour cette périlleuse aventure. Car rien n'est plus difficile que de diriger un peuple sur les chemins de sa maturité et forcément de sa liberté. Vous l'avez peut-être cette maturité. Mais ne dites pas dans tous les micros et sur toutes les tribunes que vous l'avez : si tel est le cas, les péquistes et les sympathisants le remarqueront et vous remettront, en vous faisant ainsi confiance, les rennes du pouvoir, le 15 novembre prochain.

J'aimerais vraiment ça que les péquistes et les sympathisants le remarquent. Ça voudrait dire que Boisclair ne serait pas le prochain chef du Parti Québécois.

Il en faudra beaucoup de publicité anti-Boisclair pour que le vent tourne...

Guy Vandal