vendredi, décembre 02, 2005

Boisclair, Ignatieff et la JFK School of Harvard

Bonsoir Monsieur Vandal,

Le mardi 29 novembre, Vigile reproduisait un article de Lysiane Gagnon, article dans lequel cette chroniqueuse se pâmait pour un certain Michael Ignatieff, un intellectuel qui va se présenter dans un comté en Ontario pour le parti libéral fédéral. Selon elle, ce serait une sorte de Trudeau, mais pro-étatsunien. Ce nom-là, Ignatieff, me disait vaguement quelque chose, il me semblait l'avoir déjà vu dans les journaux. Mais, comme c'était plutôt vague dans ma tête, alors j'ai fait une recherche sur Yahoo. J'ai trouvé bien des choses, mais surtout sa notice biographique sur le site de Wikipedia. Et voilà-t-y pas que je lis là-dedans que cet Ignatieff, grand pourfendeur du «nationalisme ethnique» est professeur à la... John F. Kennedy School of Government Harvard University !

Bon. Ça m'a donné l'idée de faire une recherche avec les noms de Michael Ignatieff et André Boisclair, juste pour voir.

Ne vous emballez pas. Je n'ai rien trouvé indiquant que Boisclair aurait suivi les cours d'Ignatieff. Il y a juste quelque chose qui m'intrigue un peu sur un blogue appelé CalgaryGrit. Il s'agit du passage suivant que ma connaissance bien relative de l'anglais ne me permet de comprendre à 100% : «Speaking of which, he (Igniatieff) went after André Boisclair a bit and gave a few strong arguments against separatism - mainly economic but a few on "identity" as well.»

Ça m'étonnerait que Boisclair soit allé à une soirée organisée par l'Association libérale fédéral de l'Université de Calgary. Quand même ! Le passage «he (Igniatieff) went after André Boisclair a bit» veut sans doute dire qu'Ignatieff a commenté l'élection de Boisclair ou l'une de ses déclarations. C'est sûrement quelque chose de ce genre, rien de plus.

Enfin, toujours est-il que tout cela m'a donné une autre idée : aller voir la notice biographique de Boisclair sur Wikipedia. Dans la version anglaise, dès le deuxième paragraphe de la section «Biography», il est question de son ancien chef de cabinet, Luc Doray. Bizarrement, dans la version française, aucune mention de Luc Doray !

Après cela, une autre idée m'est venue : aller sur le site de la JFK School of Government Harvard University.

Je vous donne en vrac quelques liens Internet menant à diverses pages à l'intérieur du site de la JFK School.
http://www.ksg.harvard.edu/apply/
http://www.ksg.harvard.edu/degreeprograms/MPAMC/program_home.htm
http://www.ksg.harvard.edu/apply/comparison.htm
http://www.ksg.harvard.edu/mcmpa-summer/details.htm

Tout ce qu'on y lit semble donner raison à Lysiane Gagnon, selon qui la maîtrise de Boisclair en serait plus une moins une. C'est peut-être encore l'histoire classique du «verre à moitié plein ou à moitié vide». En tout cas, il semble bel et bien que le diplôme obtenu par Boisclair est un «Mid-Carreer Master in Public Admnistration (MC-MPA). De tous les programmes de maîtrise offerts par la JFK School, c'est le plus léger : un an, huit cours et hop, l'affaire est dans le sac ! S'agit-il d'une maîtrise au sens où nous l'entendons habituellement ? À l'UQAM, par exemple, le MBA pour cadres (sans rédaction d'un mémoire) dure au minimum deux ans et comporte quinze cours obligatoire. Un type qui n'a pas complété son baccaulauréat mais qui a obtenu un MC-MPA de la JFK School serait-il admissible à un programme de doctorat de Harvard ou de quelque autre université dans le monde ? Ces questions demeurent toujours sans réponses.

Alors voilà ! Je pense qu'on peut à tout le moins affirmer qu'un MC-MPA de la JFK School, c'était parfait pour un type dont le CV, aussi reluisant fût-il section carrière, comportait, section formation, une lacune qu'il fallait combler de toute urgence. Car on peut se demander si, dès 2004, la direction du PQ n'avait pas décidé que Boisclair succéderait à Landry. En conséquence de quoi, deux ans d'études, peut-être même trois, ça risquait de mener trop près de la prochaine élection, sinon même après...

Si vous avez l'envie de pousser plus loin toutes ces recherches, ne vous gênez pas. Ça pourrait peut-être contribuer à nous éclairer sur les raisons pour lesquelles Boisclair a été aussi lent à réagir au coup de Jarnac de Pierre Marc Johnson. Non seulement sa réaction a-t-elle été plus que tardive, mais elle a été aussi d'une faiblesse pitoyable, comme vous l'avez fort bien souligné sur votre blogue, le 29 novembre. Bien sûr, ce qu'a fait Johnson n'a rien de surprenant, quand on a suivi un peu sa carrière politique. Mais c'est quand même un ancien chef du PQ qui vient de passer officiellement dans le camp ennemi ! Et que trouve à dire là-dessus son plus récent successeur ? Des niaiseries ! Faut-il un diplôme de Harvard pour ne trouver à dire que des niaiseries ? Peut-être bien, après tout, quand on sait que le bouffon Hugues Cormier, en a un lui aussi ! (Vous vous souvenez : le psychiâtre qui a été obligé de se retirer de la course du PQ...)

À la prochaine !

Luc Potvin

(G.V.) Je n'aurai pas le temps de faire aucune recherche dans les prochains 21 jours, comme vous me le suggérez M. Potvin. Je suis à la pige. Je n'ai rien eu de tout le mois de novembre... mais ce sera 14 heures par jour d'ici au 21 décembre !!!