lundi, octobre 17, 2005

LE GAMIN ET LA GAMINE

Dimanche, 16 octobre 2005, TVA, 12h.30. Un rendez-vous à ne pas manquer. Affrontement entre Marois et Bloisclair. Un premier et un dernier et unique face à face entre les deux aspirants à la direction du Parti québécois.

Spectacle désolant. L’aspirant de Harvard, au diplôme contesté, et l’aspirante Marois, au passé politique questionnable. Deux animateurs perdus dans la cacophonie de deux personnes qui veulent devenir chef, qui se haïssent comme ce n’est pas possible, mais qui font le large sourire, pour éviter que le peuple s’en aperçoive, pour marquer, devant la caméra, qu’ils ne sont pas des ennemis jurés. Deux petits gamin et gamine de fond de ruelle qui s’invectivent l’un l’autre, qui font semblant de s’aimer, de se congratuler, de se promettre des postes hypothétiques, si, le 15 novembre, l’un des deux est couronné roi de la principauté péquiste.

Les deux se tutoient comme de vulgaires gamins de rue, s’accusent d’avoir accusé l’autre de méfaits, se félicitent du mea culpa de celui-ci, de la contrition de celle-là. On est en plein vaudeville, pendant une bonne demi-heure. L’exercice se termine avec une séance de non patinage, en double figure imposée. Boisclair réussit encore le tour de force de ne pas nous dire quand il a cessé de consommer de la coke et quel est son programme électoral dans le contexte d’un appel au peuple greffé sur la question nationale. Médaille d’or du patinage en solo. Marois esquive tout autant son calendrier référendaire et promet d’agir dans un délai convenable. Bref, rien de très édifiant pour un Québec attentif, toujours en attente de précision sur l’affaire Boisclair, en recherche sur le problème Marois.

Jacques Parizeau n’aurait jamais accepté qu’on parle de lui en utilisant le « TU » sur un réseau de télévision privé. Il n’aurait jamais accepté qu’on l’interpelle par son prénom. Lui, il avait de la classe. René Lévesque, non plus, ne se serait jamais plié à un tel stratagème. Il fumait en public, mais il était respectueux des personnes. On vient, avec ce genre d’entrevue, d’abaisser la barre à un niveau désolant. Pas étonnant que le P.Q. se retrouve avec neuf candidats à la succession de Bernard Landry. Ce dernier doit rire, devant son écran de télé, face au fleuve bleu qui charrie son destin.

Si c’est cela, la figure imposée du pays à faire, il vaut mieux rester dans celui qui se dessine encore devant nous. Boislair m’horripile, la suffisance de Marois me désarme. Le Québec demande plus que cela pour accéder à un poste de leader. Il faut un mariage conscient d’humilité et de générosité. Marois et Boisclair n’ont ni l’un ni l’autre. Les deux sont imbus d’eux-mêmes, comme deux gamins de ruelle qui ne veulent pas lâcher prise. Ils ne se marient que du bout des lèvres, pour faire la manchette du journal télévisé. Le dégoût coiffe mon appréhension. Il est temps de « zapper » pour ne pas vomir!

Nestor Turcotte
Matane