lundi, octobre 03, 2005

Timidité, politique, médias...

Enfin, un candidat se prononce sur le traitement médiatique de cette course à la chefferie. Son action est encore très timide car à l'heure où j'écris ces ligne, ce n'est qu'un courriel, pas encore disponible..., ni dans son site, ni dans son blogue !!! (M. à J. C'est maintenant disponible. Moi personnellement, j'aurais publié dans mon blogue... avant le courriel, mais bon.)

Le candidat en question, c'est Pierre Dubuc...

Je les trouves très tranquille les Paquette, St-André et Dubuc. Ils ont tous les trois des idées intéressantes, mais les grands médias les ignorent. Eh les gars, pourriez-vous mettre vos différences de côté, juste le temps de faire une conférence de presse commune, pour dénoncer ce traitement ???

Vous le voyez aussi bien que moi que les dés sont pipés d'avances dans les médias. Vous le voyez aussi bien que moi que l'establishment péquiste (i.e. l'équipe Landry) est derrière Boisclair. Qu'est-ce que vous attendez pour réagir ? Vous y croyez vraiment ou vous êtes là pour faire de la figuration ?

Ceci étant dit, le texte de Dubuc vaut la peine d'être publié au complet ici. On a d'un côté, la douteuse unanimité de Lysiane Gagnon et Vincent Marissal et de l'autre, Dubuc et ce qu'il a vraiment dit. Et moi je met du gras comme d'habitude... (G.V.)
***

Les médias réclament un Doc Mailloux !

Avec les autres candidats de cette course à la direction du Parti Québécois, je parcours le Québec depuis plusieurs semaines pour rencontrer les militantes et les militants des associations de circonscriptions et débattre avec eux des grands enjeux concernant l'avenir du Québec.

Partout, nous entendons le même écoeurement - le mot n'est pas trop fort - à propos du traitement médiatique de cette course. Celles et ceux qui ont assisté aux deux premiers grands débats étaient abasourdis le lendemain en lisant le compte rendu qu'en faisaient les grands journaux.

D'abord, ils se rendaient compte qu'il n'y avait tout simplement pas de compte rendu ! Dans le cas des deux débats, le traitement a été le même. Un bref aperçu de l'échange le plus vif entre deux candidats et la meilleure blague de la soirée !

Les grands médias ont dépêché des journalistes à la Nouvelle-Orléans et ont noirci des pages et des pages sur les commentaires répétitifs des victimes de Katrina, mais ils ne sont pas foutus d'assigner un journaliste pour rapporter les propos des candidats à la direction d'un parti politique majeur du Québec.

Par contre, si les véritables journalistes ont disparu des pages de nos journaux, ils ont été remplacés par les commentateurs, chroniqueurs et éditorialistes qui commentent, chroniquent et « éditorialisent » sur des propos dont les lecteurs n'ont jamais eu l'occasion de prendre connaissance.

Et les débats ennuient nos commentateurs, chroniqueurs et éditorialistes ! « Un party qui ne lève pas », écrit Lysiane Gagnon, résumant l'humeur de ses collègues. Un party? L'expression décrit bien les attentes de sa confrérie. Un party?! On sent qu'il leur manque un Doc Mailloux dans cette course !

Évidemment quand on rêve d'un party plutôt que d'un débat, les idées n'ont pas grande importance. Mme Gagnon me fait dire que je « rêve d'un TGV liant toutes les villes du Québec » et range ce projet au rayon de la « pensée magique ».

Si elle avait écouté attentivement mon intervention ou prit la peine de lire le communiqué que mon attachée de presse lui a remis à la fin des débats, elle saurait que, dans le cadre d'un projet de transport collectif urbain et interurbain pour l'ensemble du Québec, j'ai parlé d'un TGV uniquement pour relier Montréal et Québec et de « trains rapides reliant les grandes villes du Québec ».

Il y a une différence entre un TGV et un train rapide. Le premier roule à 350 km/heure, le deuxième à une vitesse de 150 à 200 km/h. Le chercheur Richard Bergeron de l'Agence métropolitaine de transport a développé ces questions dans Le livre noir de l'automobile et L'économie de l'automobile au Québec (Éditions Hypothèse). Il est le candidat à la mairie de Projet Montréal - un nouveau parti politique - pour populariser ces thèses. Mais, force est de constater qu'il se bute à la même censure médiatique que les candidats à la direction du Parti Québécois.

Bien entendu, la promotion du transport en commun n'est pas très populaire dans un journal qui tire plus de revenus de la publicité automobile que de la vente de ses journaux en kiosques et par abonnements et dont le propriétaire, Power Corporation, est un des plus importants actionnaires de la pétrolière Total-Final-Elf qui possède la moitié des sables bitumineux de l'Alberta.

Lysiane Gagnon me fait également dire que je « souhaite qu'Ottawa fasse main basse sur les revenus pétroliers de l'Alberta » en ajoutant « et que dirait-il si le fédéral faisait pareil avec les ressources hydroélectriques du Québec? ».

Manifestement, là encore, elle ne m'a ni écouté, ni lu. Elle a plutôt lu la chronique de son collègue Vincent Marissal qui m'accole le qualificatif de « l'ânerie de la campagne à ce jour », parce que j'aurais soi-disant « reprocher au gouvernement fédéral de ne pas avoir les moyens de forcer l'Alberta à partager ses plantureux revenus venant du pétrole ».

Marissall ajoute : « Un souverainiste qui demande à Ottawa de se saisir de force des revenus des ressources naturelles d'une province, propriété exclusive de celle-ci. Faut le faire. »

En fait, je n'ai rien « reproché » ni « demandé » au gouvernement fédéral. J'ai tout simplement dit et écrit ce qui suit :

« La crise du pétrole annonce la fin du Canada. La crise du pétrole va disloquer la vie économique de la fédération et chambouler complètement les relations fédérales-provinciales. L'Alberta, avec ses 3,3 millions d'habitants, engrangera cette année un surplus budgétaire estimé à plus de 7 milliards $. Nous connaissions le déséquilibre fiscal entre Ottawa et Québec. Nous avons maintenant le déséquilibre fiscal entre l'Alberta et les autres provinces.

« Dans un pays normal, les mégarevenus de l'Alberta seraient redistribués entre les provinces au profit de l'ensemble de la population du Canada. Mais, aujourd'hui, le gouvernement Martin n'a aucune base politique pour forcer l'Alberta à redistribuer ses richesses. Le Canada va entrer dans une grave crise politique qui va favoriser l'accession du Québec à l'indépendance. »

Je n'essaie pas de « sauver » le Canada ni d'en faire un « pays normal ». J'ai toujours considéré, comme René Lévesque, que le Canada était une « maison de fous ». Aujourd'hui, je constate tout simplement que la crise du pétrole « annonce la fin du Canada » et qu'elle va « favoriser l'accession du Québec à l'indépendance ». Point à la ligne.

Alors, M. Marissal, je trouve que le bonnet d'âne que vous me destiniez vous va très bien. Et vous pouvez le partager avec votre collègue Lysiane Gagnon.

Pierre Dubuc
3 octobre 2005