mercredi, novembre 16, 2005

Les libéraux en liesse !

Bonsoir M. Vandal,

53,68%. Ce n'est pas un triomphe, considérant que Boisclair avait l'appui de l'establishment du parti, celui de la bande à Landry et celui de Power Corp.

Landry a démissionné en juin dernier parce qu'environ 24% des délégués au Congrès lui ont refusé leur appui.

Au premier tour, plus de 46% des membres du PQ n'ont pas voté pour Boisclair. Ne devrait-il donc pas démissionner immédiatement ?

Bien sûr, son nom a dû apparaître quelques fois deuxième, troisième ou quatrième sur les listes des votants, celles des partisans de Legendre en particulier. Néanmoins, la base de Boisclair n'est pas forte. Ses appuis ne sont pas diversifiés. Ils se trouvent massivement du côté des héritiers du MSA, ceux pour qui l'indépendance peut toujours attendre, et non du côté des héritiers du RIN, ceux pour qui l'indépendance est LA priorité. Ils se trouvent tout aussi massivement du côté de ceux qui pensent que l'État doit commencer à céder la place au secteur privé. C'est ça, un rassembleur ?

Personnellement, je ne digérerai jamais que, lors de l'un des sept ou huit débats formatés, il ait traité de « partisans du droit du sang », aussi bien dire de racistes, les opposants au nationalisme purement civique dont il se réclame. Là, on a bien vu ce qui dépassait : le jupon trudeauiste de celui qui a fait du porte-à-porte pour le NON en 1980. Mais ça ne m'a pas surpris du tout. Sa mentalité trudeauiste, on la connaissait déjà depuis longtemps. Il est de ceux qui rejettent non seulement la langue et la culture comme fondements de la nation, mais même l'histoire. Même l'histoire ! Or, si ce n'est pas l'histoire quatre fois séculaire de notre peuple qui fait du Québec une nation ayant droit à l'indépendance, alors quoi ?

Il faut souhaiter que ce type qui n'a jamais publié un seul texte de fond n'affronte jamais le sinistre Stéphane Dion dans un débat public. Parce que, c'est bien plate à dire, mais Dion aurait un malin plaisir à lui mettre le nez dans ses contradictions. Quand on se veut d'une nation sans langue, sans culture et même sans histoire particulières, alors pourquoi ne pas être fédéraliste ? En effet, ce genre de nation anonyme, il en existe déjà une avec Ottawa comme capitale.

Si on veut l'indépendance, ce n'est pas pour des niaiseries, c'est parce qu'il existe une nation au Québec, la nation victime de la Conquête anglaise, qui risque de subir bientôt le même sort tragique que sa diaspora nord-américaine : reprolétarisation et louisianisation. Cacher cette vérité, c'est laisser entendre que, finalement, l'indépendance n'est qu'une sorte de bibelot dont nous pourrions toujours nous passer, alors que, bien au contraire, elle est absolument indispensable à la survie même de notre peuple.

Bref, Boisclair, c'est juste Bouchard rajeuni. Le Bouchard du Congrès du miroir, celui de l'affaire dite Michaud, celui du Manifeste des pseudo-lucides.

Évidemment, il y a aussi l'histoire de la coke consommée quand il était ministre. Déjà, sur Cyberpresse, il se trouve des gens, des internautes, pour accuser les péquistes de complaisance envers un type qui, quand il était ministre, a enfreint la loi. Ce n'est qu'un début. Power Corp voulait Boisclair comme chef du PQ pour ensuite mieux couler le PQ, alors le coulage commence.

Car c'est ça, le problème, dans cette histoire de coke : ministre, Boisclair a enfreint la loi. Oublions la cocaïne, tellement ce mot de cocaïne semble évoquer des choses plus ou moins scabreuses. Imaginons à la place un ministre qui irait commettre un petit vol à l'étalage dans un magasin. Piquer un livre, un CD ou un T-Bone, est-ce qu'on s'entend pour dire qu'il s'agit d'un délit plutôt anodin et qu'il y a, dans le vaste monde, des crimes bien pires ? Bien sûr, on s'entend là-dessus. Mais est-ce qu'on s'entend aussi pour dire qu'un ministre qui irait commettre un tel vol à l'étalage ferait preuve du même coup d'un terrible manque de jugement ? Certains partisans de Boisclair ont accusé leurs adversaires de puritanisme. Il n'y a pas de puritanisme là-dedans, il y a simplement un énorme doute sur la faculté de jugement d'un individu. Un ministre qui commettrait un vol à l'étalage, geste relativement anodin si l'on veut, n'en mériterait pas moins la porte, pour cause d'imbécillité. Même chose, évidemment, pour un autre qui se procurerait de la coke.

Alors, bref, pour conclure : ça doit trinquer chez les libéraux ce soir !

Luc Potvin

PS : J'ai lu que, dans son discours de remerciements, Boisclair a de nouveau parlé de l'éducation comme de sa première priorité (suivie de la dette, sans doute). Avec son début de bac pas fini et sa simili-maîtrise contre espèces sonnantes, c'est vrai que l'éducation doit être l'une de ses priorités. Moi, je n'ai qu'un DEC, et un début de bac en suspens depuis bien des années, c'est vrai... Mais je n'aspire pas non plus aux plus hautes fonctions !