samedi, novembre 19, 2005

Langue de... bois-Clair

Le nouveau chef du P.Q. continue à faire les gorges chaudes des médias. Les commentateurs sont unanimes pour dire que le «Kennedy du nord», comme l’appelle Claude Charron, prête aisément flanc à la critique.

On lui reproche, tout particulièrement, de parler trop vite, d’assommer son auditoire avec un déluge de mots, de pratiquer la langue de bois. Les réseaux de télévision ne manquent pas d’attaquer le nouveau chef du P.Q. sur son passé relié à la cocaïne. L’émission, fort écoutée, This hour has 22 minutes» diffusée sur le réseau CBC, vendredi le 18 novembre dernier, le dépeint comme un mégalomane, enfariné jusqu’aux yeux, bazooka en mains, chassant ceux qui menacent son intégrité. Belle image du futur président de la République! Qu'est-ce qu'on doit dire de nous dans la presse étrangère?

Utiliser la langue de bois, c'est camoufler la vérité par le « politiquement correct ». André Bloisclair est un spécialiste dans le domaine. Il parle, parle, parle et en bout de piste, on ne sait toujours pas ce qu’il a dit ou ce qu’il a voulu nous dire. Sa pensée est fondue dans un ensemble de clichés, d’expressions à la mode, de vocabulaire imprécis. C’est l’homme du prêt à porter, comme du prêt à jeter. La réponse à donner à la question posée est toujours prête, et même, commence à se formuler, avant même que la question soit terminée. C’est l’homme cassette, le politicien clip, l’image pré-fabriquée, le cliché bouche-trou. Il est du style vaporeux, éthéré, caméléon, couleuvre vous glissant entre les mains, insaisissable, venu de nulle part et allant dans toutes les directions.

Et dire que c’est cet homme qui veut mener le Québec à l’indépendance nationale. Ai-je le droit de ne pas utiliser la langue de bois et de croire qu’il ne pourra pas résister longtemps à ceux qui lui demanderont des précisions sur sa vision des choses? On s’ennuie d’un homme au langage direct, - sans langue bois - que fut Jacques Parizeau.

Mais les Québécois n’aiment pas ce genre de politicien. Ils préfèrent coucher avec leurs émotions du moment plutôt que la dure réalité des faits. Et pourtant, on ne bâtit pas un pays avec une avalanche des mots creux. Le nouveau chef devra bien, dans un avenir rapproché, dire à la population, en termes précis, comment il veut réaliser son projet. De toute urgence, ses conseillers doivent le calmer, lui apprendre à utiliser les mots cimentés dans la rigueur et la précision.

Pour le moment, c’est langue de bois-Clair et... je ne peux pas m’en satisfaire.

Nestor Turcotte
Matane.

Le nouveau chef du PQ semble aussi déterminé à ne rien dire de substantiel que l'était le candidat à la succession de Bernard Landry. À vrai dire, c'était encore pire que tout ce qu'on a entendu au cours des cinq derniers mois. La collègue Dominique Poirier était visiblement exaspérée de le voir esquiver systématiquement chacune des questions qu'elle lui posait. Il donnait même l'impression de lui rire au nez.

Michel David, Le Devoir via Vigile